Paulette comme Midol
D’Athis-Mons aux Lilas : Paulette Midol qui disait modestement d’elle-même « Moi je ne suis pas quelqu’un qui écrit son histoire », a néanmoins permis à une partie de l’Histoire de s’écrire dans l’espoir de l’accomplissement de l’amitié entre les peuples et de la jouissance par chacune et chacun des libertés fondamentales.
En 2018, Les Lilas fêtait le centenaire de l’Armistice …et le centième anniversaire de Paulette Midol, Lilasienne d’adoption. Paulette a fermé les yeux, vendredi 8 octobre 2021, à quelques jours de son 103e anniversaire. En 2011, elle était venue répondre aux questions et raconter à deux classes de troisième du collège Marie Curie, ce qu’avait été la répression de la Résistance. Le ton de sa voix, une pointe autoritaire, mais teinté de malice et de rire, et son point de vue acéré les avaient captivés.
Un « petit soldat » de l’Histoire
À la suite d’entretiens menés par des élèves de troisième auprès de résidentes de la résidence Marcel Bou de la rue des Bruyères (Les Lilas), Paulette était intervenue au collège devant deux classes. Elle avait brossé à grands traits son enfance paisible, dans le pavillon familial d’Athis‑Mons, entre son père cheminot, lecteur de l’Humanité, « le journal de Jaurès », et sa mère, marquée par « la boucherie de 14-18 ». Puis, dès le début de la guerre de 39-45, la perte de son travail à la mairie, parce que fichée communiste. Et l’entrée en Résistance, d’abord à Paris, pour imprimer et distribuer des tracts, et très vite comme agent de liaison dans le centre de la France. « La première des répressions, c’est la privation de nourriture, et la privation de travail », car sous l’Occupation, pas de travail (au bénéfice du IIIeReich), pas de carte de ravitaillement. Comme d’autres, la « Pierrette Thomas », « petit soldat » de la Résistance , comme elle se qualifiait, pèsera à peine 38 kg à la Libération.
Moi j’ai jamais douté. Et surtout jamais douté des hommes
Pudique sur les « misères » de sa vie, elle ne lâchait rien sur les motivations profondes de son engagement politique, sur les valeurs du Conseil National de la Résistance (rien à voir avec le CNR de Macron), dont il n’aurait pas fallu déroger dans l’application des Jours Heureux et d’une décolonisation, après-guerre. Toujours alerte, elle se tenait au courant de l’actualité, surfant sur internet avec curiosité et ténacité. Depuis le droit des femmes à exercer pleinement leur citoyenneté, arraché à la Libération grâce à leur engagement dans la Résistance, elle n’avait jamais manqué un scrutin, même si, souffrant de «la maladie de Pompidou », elle n’avait plus les jambes de la jeune femme de vingt ans, parcourant les routes de l’Indre à la Creuse, et de Châteauroux à Limoges.
Parler avec Paulette, c’était avant toute chose, un grand bol d’optimisme et d’énergie. Toujours dynamique, même si elle n’oubliait pas les « copains » qui n’avaient pas eu sa « chance », et si le souvenir de tous ceux qui n’avaient pas connu de la Libération lui faisait monter les sanglots dans la gorge, il émanait d’elle une force de vie… de résistance souriante et bienveillante. Comme elle le disait : « Moi j’ai jamais douté. Et surtout jamais douté des hommes ». Nul doute que cette croyance profonde a été transmise et anime une partie des jeunes Lilasiennes et Lilasiens qu’elle avait tenus sous son œil malicieux et son verbe clair.
Claire Merrien